Histoire 1

Extrait de "Mémoires de la société des antiquaires du Centre."Edition 1868-1945. 1879 vol.8.

Abbaye d'Olivet : L'abbaye d'Olivet, ou de la cour Dieu, de l'ordre de Citeaux, fut fondée en 1146, par Etienne, sire de Graçay. La forêt seigneuriale, défrichée jadis pour faire place à cette communauté, développe maintenant en paix ses rejetons dans ces parages, depuis que les fureurs révolutionnaires y ont semé la désolation et la ruine. L'église, dont il ne reste que les murs, dresse encore fièrement ses pignons pointus au milieu des ronces. Cet édifice se compose de deux nefs; l'une au Nord, rappelle le style architectural du XIIIème siècle, tandis que la seconde, au Sud, ne fut vraisemblablement bâtie qu'au XVème siècle. Près de là, se trouve l'ancien cloître, lourde construction du XIIIème siècle, décorée de légères colonnettes accouplées. Une grande chambre renferme une haute cheminée du XVIIIème siècle.

De riches boiseries, oeuvre des frères eux-mêmes, si l'on en croit la tradition, ornaient le choeur de la chapelle et ne sont pas du moins entièrement perdues. Elles ont été partiellement transférées dans l'église voisine de Saint Loup sur Cher, où l'on peut encore admirer ces gracieuses stalles de la renaissance. le dossier de ces sièges porte dans quatre panneaux: Sainte Véronique, l'ecce Homo, la résurrection de Lazare, la décollation de Saint Jean Baptiste: le devant des stalles représente Saint Georges et Saint Martin. Le fauteuil pastoral est composé des débris de cette merveilleuse menuiserie; enfin l'église possède, en outre, un groupe charmant de la vierge et de Saint Anne, qu'elle doit aussi à la ruine de l'abbaye d'Olivet.

Le 22 octobre 1517, révérend père en Dieu, frère Yves Compain, était abbé de l'abbaye et couvent d'Olivet.

M. Delalande était l'un des religieux de cette maison au 8 novembre 1660.

Le domaine de Bourdaloue était redevable envers l'abbaye d'Olivet d'un chapon et de sept sols six deniers d'argent, sur une pièce de six septrees de terre, close de haiesde trois côtés et qui porte encore, sous le n° 447 du cadastre de Langon, le nom caractéristique de lac aux moines. Ce fut là sans doute l'emplacement cynégétique où les bons religieux venaient dresser leurs filets et se livrer aux délices de la chasse à la haie dans le cours du moyen-âge.

 

1891: ...Le 27 novembre 1449, Jean Ponton, bourgeois de Graçay, fait foi et hommage au chapitre de la Sainte-Chapelle, comme baron de Graçay, à raison d'un terrain situé au port de Saint-Julien-sur-Cher. Charlotte d'Argouges du Moulin, dame de Lyot en la paroisse de Langon, fit rebâtir tout à neuf un moulin sur cet emplacement, et le 16 juin 1530, Vincent du Puy, seigneur de Vatan , son gendre, en fit pour elle foi et hommage au chapitre. Bientôt même la dame du Lyot en passe bail à rente à Vincent du Puy, qui en fit un nouvel hommage le 15 juin 1544, comme tuteur des enfants que lui avait laissés Jeanne du Moulin, sa défunte épouse. Jacques d'Estampes, seigneur de Valençay  et de Lyot, en fit à son tour foi et hommage à Graçay, le 16 octobre 571. Jean d'Estampes en fit hommage le 25 août 1596.

   Encore près d'un siècle s'écoula sans apporter de trouble à cette paisible possession, lorsque, le 4 septembre 1673, Charlotte Bruslart de Sillery, dame du Lyot, veuve de François d'Estampes, marquis de Maulny, passa bail à rente à son meunier Macé Girault, de ce moulin du port de Villefranche et de Saint-Julien assis sur la rivière du Cher. Girault en porta son hommage à Graçay, le 27 juin 1682. Les officiers du comté de Blois s'aperçurent seulement alors que la roue, dépassant du fil de l'eau, se trouvait en Blésois. Ils produisirent l'extrait d'un vieil aveu de 1344, rendu au château de Romorantin par les anciens seigneurs du Lyot qui possédaient la moitié du moulin, îles, bois et pêcheries situés entre le fil du Cher et Villefranche. Saisie féodale du Moulin fut opérée le 18 décembre 1683, par le domaine de Romorantin, faute de foi et hommage. 

   Le chapitre essaya de défendre ses droits, en invoquant les hommages successifs qu'il avait reçu; il ne réussit qu'à justifier de sa bonne foi et fut contraint, le 22 mars 1686, de donner pouvoir à Pierre Gallus, avocat à Romorantin, de comparaître à l'audience du baillage de cette ville pour consentir en son nom à ce que la roue du moulin et dépendances situées en Blésois, soient attribuées au domaine du Roi.

   En conséquence, le 2 mai 1686, M. de Lestrée, grand maître des eaux et forêts au département d'Orléans, ordonna que Macé Girault, acquéreur du moulin, aurait à rendre foi et hommage au roi et au duc d'Orléans pour la moitié de ce moulin et ses dépendances situées entre le Cher et Villefranche; l'autre moitié , du côté de Saint Julien, relevant en fief de MM. de la Sainte-Chapelle de Bourges, barons de Graçay.

   L'emplacement de cette contestation féodale a maintenant bien changé de face, et se trouve placé à trois cents mètres de la rivière, depuis que le Cher, perdant peu à peu ses innombrables îles, a concentré toutes ses eaux dans un seul lit. Si bien que du moulin, comme des comtes de Blois et des barons de Graçay, il ne reste plus que le souvenir.

 

Sous l'ancien régime droits honorifiques dans les églises:

 ...Louis de Patoufleau, écuyer, sieur de Laverdin et de la Roche d'Anjoin, Chevalier de l'ordre du roi et gentilhomme de sa chambre, avait acheté, le 14 janvier 1638, de Jacques de Launay, maréchal des logis de la compagnie de la reine, demeurant à Saint-Aignan, et de Marie Allaire, son épouse, la métairie de la charbonnière et sinsonnière, en la paroisse de Saint-Julien-sur-Cher. Prenant immédiatement possession de cette modeste gentilhommière, il s'arrogea, de sa propre autorité, le droit d'occuper, à l'église de Saint-Julien, une place d'honneur. A l'office, il s'emparait de tout le choeur, ayant en mains un pistolet et une arquebuse et laissait placer auprès de lui sa femme , son enfant et un valet armé.

  Le 14 mars 1638, le prédicateur avait dû interrompre son sermon, par la fierté de Madame de Patoufleau qui s'était placée tout près de l'autel. Dès le lendemain, le curé fort alarmé de cet équipage militaire, écrivait au bailli de Graçay: " Il n'y a plus moyen de faire aucun service de dimanche. Le sieur de Laverdin est si outrecuidant, que ce matin, étant en ma place ordinaire pour entendre les confessions, ayant une femme à mes pieds et d'autres qui attendaient, il est entré à l'église le pistolet à le main, et s'est venu mettre au lieu où j'étais, tellement qu'il a fallu tout quitter."

  Le bailli fit aussitôt défense à toute personne, de quelque qualité qu'elle fut, de troubler les cérémonies, de mettre sans permission en l'église de Saint-Julien ou autres, aucun banc, selle, ni siège, notamment aux endroits où se placent d'habitude le prieur, ses clers et les autres personnes qui l'assistent dans la célébration du service divin. Cette ordonnance, publiée par le sergent, ne fit qu'exciter le dédain du sieur de Laverdin. 

  Notre gentilhomme ne se désista pas de ses extravagances, et le dimanche 22 mars, la messe était chantée jusqu'au credo, quand il arriva. Voyant que le clerc ne voulait ni bouger, ni s'interrompre, quelque commandement qu'il lui fit de retirer son pupitre, il posa son chapeau sur le livre de plain-chant, en disant:" Ote ton engin de là." En même temps, il poussa lui-même le lutrin jusques au bas du choeur, pour disposer à son aise de la place qu'il entendait occuper. Sa femme et son fils s'installèrent sur une grande selle, à main gauche. La messe chantée jusque-là, fut achevée basse, et depuis lors, le sieur de Laverdin ne cessait de menacer de mort le curé ainsi que frère Robert, qui venait d'Olivet tous les dimanches pour prêcher. Bien plus, quatre jours après, il rossa le chantre avec tant de violence que celui-ci fut contraint de garder le lit. 

  Il paraissait indispensable de mettre fin à tant de désordre, et l'orgueilleux seigneur fut cité, le 27 mars, à comparaître à l'audience de Graçay. Le chapitre de la Saint-Chapelle, prenant fait et cause pour son prieur-curé, fit présenter le récit de ces troubles intérieurs; mais l'inculpé se borna à faire répondre par son procureur qu'il n'avait placé aucun banc dans l'église, ni causé aucun empêchement et que d'ailleurs on n'avait aucune action contre lui. 

  On s'étonne que la justice se soit ainsi montrée désarmée, car il n'en continua pas moins, lorsqu'il allait à l'église, à s'asseoir au plus haut du choeur, du côté droit, un pistolet à la main, tournant le dos à l'autel, la face vers la grande porte, excepté pendant l'élévation du Saint-Sacrement .

   Cette anecdote montre à quel point certains personnages se montraient jaloux des prérogatives qui pouvaient les faire distinguer de la foule. Dans l'espèce, et c'est le cas le plus simple, un seul seigneur habitait la paroisse, et le pauvre prieur ne réussit même pas, momentanément du moins, à empêcher la plus flagrante anticipation... 

 

1888: Sur le territoire de Saint-Julien-sur-Cher, le chemin qui relie le Cher à Coulommiers porte encore le nom de chemin de la poste. (c'est le chemin de terre qui passe entre la chevrollerie et la route qui continue celle de l'épinetterie

 

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