La Pacaudière

CHATEAU DE LA PACAUDIERE EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE FAVEROLLES-EN-BERRY PAR JEHAN D'ORFOND et MICHEL D'HAPPLINCOURT
           Recueillie par le Dr FAUCONNEAU-DUFRESNE
  Le château de la Pacaudière est assis en la paroisse de Faverolles en Berry, en pays de bois, de pâturages et de vignes, mouvementé, agréable, très propre pour l'exercice de la chasse, arrosé par deux ruisseaux, l'Orfond et la Corbeillère, qui y prennent leurs sources.
  La seigneurie de la Pacaudière, d'après M. de la Tremblais et M. de Latour du Breuil, qui avaient puisé ces tails dans les archives du château de Saint-Aignan, anciennement nommée Pagusvëer, Paqausdiere, était mouvante de la baronnie, puis du comté et enfin du duché-pairie de Sainl-Aignan en Berry, sauf la maison forte et la tour qui relevaient de la baronnie de Châteauroux et ressortissaient d'Issoudun, dont elles furent distraites, par arrêt du 10 avril 1440, pour passer dans le ressort du baillage de Blois.
  C'était un noble fief, ayant toute justice, four banal, taille, ferrages et belles mouvances. 
  Les terres de Pichouët, de la Malaisée, des grand et petit Mil, de la Maison-Rouge, le moulin des Bancs, le moulin du Roy en relevaient en fiefs.Dans les contrats de bail passés les 20 mai 1433 et deuxième jour de juin 1434 après la St-Pierre, par Philippe Delourme, tabellion baronnal, à Saint-Aignan et Ferran,
tabellion à Villeloing, on trouve les biens portant les noms suivants qui ont leur légende dans le pays et qui méritent d'être relevés pour les souvenirs qu'ils réveillent : les grand et petit Mil sis paroisse de Faverolles, compris sur leur territoire le pré du Gué du Souverain, le champ de la croix de l'Ourelière, le pré de la Marchère, la taille de la Tremblaire, la noue de la Frottière, les prés des actes de la Maison-Rouge, le buisson de la grande Brèche, et l'Étang-Dôlent (Stagnum dolens ; l'étang qui gémit), évidemment un champ de bataille ou de massacres. L'Etang-Dolent est devenu dans les titres l'Étang Bêlent ou Bélier; les Mil sont devenus les Micq, les autres noms existent encore. (tous ces noms semblent marquer, pas à pas, le chemin suivi par Philippe Auguste combattant les Anglais qu'il devait vaincre et anéantir à Pellevoisin et à Palluau.)
  Sur le domaine de Mussay, aujourd'hui Mosset, les seigneurs de la Pacaudière avaient jadis élevé une chapelle dédiée à saint Mathieu, qui attirait un grand nombre de pèlerins. Ses ruines, le fenestrage qu'on peut admirer encore chez un propriétaire des Ravinaux, et les fragments d'une statue du saint, pieusement recueillis et posés sur le socle d'une croix, sont toujours l'objet de la vénération des habitants et le but de nombreux pèlerinages.
  Une des pierres de cette chapelle, portait la date de 1683 et les noms de Jehan d'Happlincourt et de Michelle d'Aveluy, deux enfants de l'Artois à qui on doit la conslruction du magnifique donjon et de l'admirable cloître du château de Valençay. 
  D'après un contrat de rachat d'arrentement reçu par Mathieu Tuffet, tabellion à Faverolles, en 1436, la Paquaudière consistait en maison forte et grosse tour, plus en vastes communs et bâtiments, clos de grands murs.
  Jehanne de Châteauneuf (suivant acte en deux roulleaux de grand parchemin dressé par Guillaume Bechon de la baronnie de Saint-Aignan et ainsi relaté dans l'inventaire d'effets mobiliers ci-après) Jehanne de Châteauneuf porta la seigneurie de la Paquaudière en mariage à Eudes Le Fort, seigneur de Condé, des Roches, de la Pignolière et de Château-Landon.
  Marie-Anne Le Fort leur succéda et épousa Guillaume Herpin, sieur de la Frottière et d'Orfond.
  Louise-Jehanne d'Orfond, leur première fille, vient après et épousa Robert Carré, sieur de Villebon et de Reboursin. Claude d'Orfond, leur deuxième fille, porte en mariage Château Landon à Jehan de Bellefonds. Leur troisième fille, Marie-Anne d'Orfond entre au monastère des religieuses de la reine des anges à Saint-Aignan. On lui avait constitué en dot une rente perpétuelle de cent livres, au capital de deux mille livres, grevant le domaine de la Paquaudière, qui fut payée, après bien des procès, jusqu'en 1789, et rachetée par M. Gabriel Haincques, lors propriétaire, le 13 prairial en III.
  Jehanne de Châteauneuf était morte vers 1450, après avoir fondé le chapitre collégial de Faverolles en Berry. On montre encore dans l'église romane, si pure et si remarquable, de ce bourg, la porte et, tout contre, la maison du chapitre, nommée les Dreux.
  C'est vers 1500 que la seigneurie de la Pacaudière paraît avoit atteint l'apogée de sa prospérité et de son renom.
  Carré de Villebon, témoin de François Ier dans un duel, (dHélion de Barbançois avec le seigneur de Véniers), puis son chambellan, accroît grandement sa terre, ainsi que le prouvent les nombreux actes d'acquets relatés dans l'inventaire dressé, après son décès, par Jehan Laumonier, notaire à Faverolles.
  Un contrat de bail de 1503, reçu par De La Roche, notaire audit Faverolles, mais avec domicile à Villentrois, porte cette énonciation qui mérite d'être relevée, parce qu'elle donne une idée de l'importance du château de la Pacaudière et de son seigneur à cette époque:
  « Furent présents, en leurs personnes, messires les nérables du chapitre de l'église collégiale et séculière de Faverolles en Berry, assemblés en la salle de l'auditoire du château de Paquaudière, lieu extraordinaire de réunion, issue de leur grand'messe, chantée en la chapelle du château, après le son de la cloche à la manière accoutumée, en l'honneur de Notre-Dame. »
  En 1501 s'arrête la chronique de Faverolles en Berry et à partir de 1503 jusqu'en 1598, les documents sur la Pacaudière font absolument défaut. On présume que le château, la tour et la chapelle ont été détruits en 1572, en même temps qu'Orfond, le grand Breuil et Châleau-Landon.
  En 1598, apparaît pour la première fois le nom de Raoul d'Auvergne, dont la descendance possédera la seigneurie de la Pacaudière jusqu'en l'année 1771. On voit, en effet, figurer successivement, tant sur les titres de propriété que sur les livres de catholicité de la paroisse de Faverolles les noms de :
  Charlotte d'Auvergne, dame de la Grossinière, mariée à Claude de Marolles, chevalier de l'ordre du roy, gouverneur de la tour de Bourges, seigneur de Marolles et du Breuil (1605 et 1630.)
  Dame Anne d'Humery, dame de la Paquaudière, veuve de messire Antoine Florimond d'Auvergne, seigneur de la Paquaudière, qui fut, le 20 juin 1717, marraine de la troisième cloche de l'église de Faverolles avec le seigneur de Châteauvieux, Alexandre de Bonnafou, parrain.
  Messire d'Auvergne de Meusne, époux de Thérèse de La Pivardière, dame de Nerbonne.
  Un inventaire du 15 mai 1754, devant Félix-Joullain,notaire au duché et pairie de Saint-Aignan, fournit les renseignements les plus complets sur la famille seigneuriale d'Auvergne, ses propriétés, ses litres de noblesse et ses alliances.
  Il est dressé au réquisitoire de Mr Pierre de Senneville, escuier, garde du roy de la compagnie de Luxembourg, veuf de dame Dorothée d'Auvergne, auparavant veuve de messire Hyacinthe de Boislinard, escuier, sieur du Breuil, ladite dame en son vivant propriétaire des terres et château de la Pacaudière, laissant pour seuls héritiers collatéraux Hippolylhe d'Auvergne, écuier, seigneur de Meusnes, et noble damoiselle d'Etampes, représentée par son fondé
Alexandre-Rojan Michel, conseiller du roy, élu en l'élection de Romoranlin.
  Le certificat délivré à M. Lucien d'Auvergne par le greffier des commissaires extraordinaires des litres porte que : Le blason des armes de la maison d'Auvergne (sic) porte d'argent à la face de gueule chargé de trois coquilles d'argent accompagnées de six merlettes de sable, trois en chef et trois en pointe, pour support deux aigles. 
 

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