Histoire1

                   

Extrait de "Bulletin de la société archéologique et historique de l'Orléanais." Edition 1885

                             LES ANTIQUITÉS DE COURBANTON

  Chaque localité tient à honneur de prendre rang parmi celles dont le territoire a fourni aux savants des matériaux utiles pour l'histoire de la France ou de la contrée dont elles dépendent. 
  C'est pour maintenir sans conteste à l'Orléanais-Blésois et à la commune de Montrieux (Loir-et-Cher) leurs titres à trois importantes découvertes déjà anciennes, dont les témoins sont morts ou vieillissent, que je résumerai en quelques mots les souvenirs qui s'y rattachent.
  Il y a un peu plus d'un demi-siècle, certaines monnaies carlovingiennes étaient rares, et à peine connaissait-on celles du roi Eudes ; aussi les collectionneurs accueillirent-ils comme une bonne fortune inespérée les découvertes faites à Courbanton de monnaies frappées au monogramme de ce roi, mêlées à des
deniers et oboles de Charles-le-Chauve assez nombreux pour enrichir toutes les collections.
  La première trouvaille eut lieu vers 1830, à un kilomètre et à l'est de Courbanton; un ouvrier qui creusait un des fossés du chemin de Montrieux à Villeneuve, brisa avec sa pioche un pot en terre contenant environ douze cents monnaies carlovingiennes, deniers et oboles en argent. On les vendit à un bijoutier d'Orléans qui en fit fondre une partie et céda probablement le reste à de plus connaisseurs que lui.
   La seconde, postérieure d'une dizaine d'années, fut faite au lieu dit Le Tertre, à deux cents mètres au plus et au midi de la première, par un Iocaturier en cultivant son champ. Elle consistait en un pot en terre contenant aussi douze cents pièces du même type que les précédentes, qui furent vendues pour le compte
de l'inventeur par M. Martin, propriétaire de Courbanton, à M. Boileau, tenant à Blois l'hôtel d'Angleterre et numismatiste fervent. Il est à croire qu'après avoir fait son choix, M. Boileau vendit ou échangea le reste. Le pot fut donné à M. de la Saussaye.
   La troisième date de mars 1857 ; une bergère ayant trouvé sur le sol, à 200 mètres et au midi du château de Courbanton, trois pièces de monnaie en argent, M. Martin fit fouiller à l'endroit indiqué et découvrit un pot en terre, écorné antérieurement par la charrue, contenant quinze cents pièces semblables aux autres. Le tout, sauf quelques pièces dont je parlerai plus loin, fut vendu, en ma présence, à un marchand antiquaire de Paris.
   M. Martin qui a vu et touché les trois pots et leur contenu, a toujours dit qu'il y avait identité entre les pots comme entre les monnaies.
   Ces cachettes sont-elles l'oeuvre d'une seule personne ou d'un groupe d'individus exposés à un même danger? Il est hors de doute, dans l'un comme dans l'autre cas, que le triple enfouissement a été simultané et motivé par le même événement.
   Si l'on doit juger les trois trésors par les vingt-six pièces servées au hasard lors de la dernière vente, ils étaient composés de monnaies de provenances très diverses, mais toutes frappées au bord de la Loire ou au nord du fleuve ; ainsi, pour Charles-le-Chauve, les lieux de monnayage sont : Attiniacoida, Attigny ;
Suessio civitas, Soissons ; Ebrocas civitas, Evreux ; Remis civitas, Reims; Turones civitas, Tours; Aurelianis civitas, Orléans ; Medenas vitcusi, Meulan ; Qwentowici, Quentovic ; Andecavis civitas, Angers; Cinomanis civitas, Le Mans ; Antisioder civis, Auxerre, et Curtisasonien, précédé d'une H, nom à racines germaniques qu'on a traduit par Courtessin ou Courtisson, localité inconnue et presque certainement située dans la partie du territoire qui avait été l'ancienne Neustrie, et par Saosne (traduction de M. Doucet), petite commune de l'arrondissement de Mamers. Pour Eudes : Angers, Tours, Orléans, avec les mêmes dénominations que ci-dessus et Blesianis Castro, Blois. (Dans ce même trésor, se trouvaient aussi des deniers de Louis II, le Bègue.)
   Cette diversité d'origines semble rendre inadmissible un enfouissement fait par un habitant du pays, car on ne s'expliquerait ni qu'il pût posséder tant de monnaies frappées dans tout le nord de la France à une époque des plus troublées, le commerce était nul, les voies de communication peu fréquentées et
les monnaies, frappées dans chaque pays devaient, presque seules, alimenter les transactions locales, ni qu'il eût divisé son trésor en trois cachettes aussi distantes les unes des autres. L'hypothèse d'un trésor caché par une troupe nomade semble donc la plus naturelle.
   Or, le fait principal qui se dégage de ces temps de profonde obscurité historique, fait non accidentel mais permanent, c'est la présence des Normands dans tout le nord de la France et sur les bords de la Loire, même après la cession de la Normandie par Charles-le-Simple au duc Rollon (912).
   Depuis le règne d'Eudes, le sentiment national s'était sensiblement relevé; déjà les Normands, sans cesser pour cela leurs incursions, essuyaient de sanglantes défaites et n'étaient plus les maîtres incontestés des pays qu'ils ravageaient. Ce mouvement de résistance s'était nécessairement propagé sur les bords de la Loire comme ailleurs, et courir sus. aux petites troupes normandes qui s'éloignaient trop du fleuve devait être la plus grande préoccupation des populations ; des surprises, des combats obscurs, dont la tradition s'est vite perdue, devaient résulter chaque jour de cet état des esprits, et il n'est pas déraisonnable de supposer qu'une bande normande campée auprès de Courbanton se voyant en danger, aura enfoui, avec l'espoir de les retrouver plus tard, ces trois mille neuf cents pièces de monnaie pillées par elle dans tout le nord de la France.
   A défaut d'aucun événement local retenu par l'histoire pouvant donner l'explication du fait, je hasarde cette conjecture en m'excusant d'avoir dépassé les bornes d'un simple récit.
   Je possède deux pièces en or de Charles VII, dites Franc à pied, trouvées à Courbanton, à 2 mètres de distance l'une de l'autre, sur le sol d'une bruyère nouvellement défrichée. Des fouilles consciencieuses n'ont révélé la présence d'aucune autre monnaie en cet endroit.

E. BESNARD,
Membre titulaire non résidant.

Extrait de "Mémoires de la société des sciences et lettres de Loir-et-Cher. Edition 1886 (T11).

Suppression de Véglise de Montrieux. 'Dépôt de ses archives à l'église de Blois 
          " Du 12° Aoust 1674. 
  Monsieur Brunier ayant fait rapport à la compagnie que, selon l'ordre du synode dernier tenu à Mer au 28 Juin et jours suivants, il luy avoit esté mis entre les mains les registres du Consistoire de l'église qui se recueillait ci-devant à Montrieu et auparavant au Chereau, avec deux coupes d'argent  de la mesme église pesant ensemble deux marcs, pour estre apportées à cette église afin de les garder, jusques à ce qu'il plaise à Dieu de restablir le saint ministère dans l'un desdits lieux ; et en mesme temps le tout ayant été représenté par ledit sieur Brunier, la compagnie, selon l'ordre du mesme synode, a mis les deux coupes entre les mains de Monsieur Gousset, comme diacre de cette église, et les registres entre les mains du sieur Leclerc, comme secrétaire du Consistoire ; et le présent servira de décharge au sieur Brunier."

       "Du 14 Juin 1676. 
   Sur l'advis qui a esté donné à la compagnie que quelques particuliers du quartier de Montrieu et autres estoient en nécessité, ladite compagnie a jugé qu'il estoit à propos de vendre les deux coupes d'argent appartenant audit quartier afin de subvenir à la nécessité de ces personnes, espérant que si Dieu leur fait la grâce de restablir le saint ministère au milieu d'eux, il se trouvera des moyens de restablir lesdites coupes."


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